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Pays:France
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Mieux comprendre la « céphalée du 21è siècle » grâce à des données concrètes 


EFSM: 2022;2:220030DOI: 10.52778/efsm.22.0030Publié le: 26.01.2022
Luminita Constantin, Marion Eberlin, Iva Igracki Turudic et Martin C. Michel

À travers le monde, la céphalée est l’une des principales causes de limitations dans la vie quotidienne et/ou d’incapacité à travailler. 50% des personnes qui en souffrent ne consultent jamais de médecin et se tournent plutôt vers l’automédication. Un travail de consensus d’experts récemment publié a exploré ce phénomène plus en détail et l’a associé à un concept scientifique appelé « céphalée du 21è siècle ».

Les déclencheurs de la céphalée dans le monde moderne

Les études scientifiques produisent de plus en plus de données prouvant que le mode de vie moderne des pays industrialisés a un impact sur la survenue et les effets de la céphalée [1]. Ce phénomène a été appelé « céphalée du 21è siècle » (Fig. 1). Une mauvaise alimentation, le stress et de mauvaises postures sont depuis longtemps reconnus comme des facteurs de risque d’obésité et de fatigue, mais aussi de céphalée. L’utilisation accrue de la technologie numérique est un autre facteur déclenchant important récemment ajouté. La pandémie de COVID-19 a encore aggravé la situation : non seulement le stress et la tension nerveuse ont augmenté, mais aussi le temps que les gens ont passé assis devant un écran, dans de mauvaises positions, participant à des réunions professionnelles à distance et maintenant des contacts sociaux virtuels pendant de longues heures.

Impact négatif de la céphalée sur la vie quotidienne et grande souffrance

Les effets de la dernière hausse du nombre de céphalées, en particulier chez les 15–49 ans, sont nombreux et divers : la concentration, l’attention, la motivation et les contacts sociaux baissent, tandis que l’incapacité à travailler, le présentéisme (présence au travail malgré le mal être) et l’absentéisme augmentent (Fig. 1). Bien qu’il existe des traitements efficaces, 60% des personnes souffrant de migraine et 80% des personnes atteintes de céphalées de tension ne consultent jamais de médecin et ont recours à l’automédication pour soulager leurs symptômes. Jusqu’à présent, on en savait peu sur l’impact négatif réel ajouté au niveau de douleur ressenti par ce groupe de personnes ou sur leurs méthodes d’automédication. Ce phénomène dit de « céphalée traitée sans médecin » (NDH) explique pourquoi il est impossible de mener des essais contrôlés et randomisés (RCT) ciblant cette population, car ces derniers s’intéressent uniquement aux céphalées diagnostiquées par un professionnel. Des données concrètes, issues d’applications, par exemple, sont donc nécessaires pour en savoir plus sur ces personnes souffrant de NDH.

Données concrètes provenant d’utilisateurs d’applications d’auto-traitement

Pour attirer davantage l’attention sur ce problème, Goadsby et al. [2] ont mené une étude basée sur une application ayant collecté des données concrètes auprès de 60 474 personnes de cinq pays. L’étude transversale rétrospective a analysé les données rapportées par les utilisateurs eux-mêmes de l’application pour smartphone « Migraine Buddy »* sur 25 mois. Cette population n’a pas été sélectionnée ni recrutée, mais des utilisateurs de l’application se sont vu offrir la possibilité de refuser la collecte de données. Les données de tous les utilisateurs qui n’ont pas refusé de participer et qui avaient utilisé l’application au moins 45 jours pendant la période de l’étude ont été inclus dans l’analyse. Les données associées à la céphalée sont présentées à la Fig. 2.

La plupart des personnes atteintes ont des épisodes de céphalée ou de migraine jusqu’à 4 fois par mois

À travers le monde, 57–67% des utilisateurs ont rapporté avoir eu moins de 2 épisodes de céphalée par mois, tandis que 29–36% ont souffert de céphalées 2 à 5 fois par mois (Fig. 2A). L’intensité moyenne de la douleur rapportée sur une échelle de 0 à 10 était de 5 environ, mais elle était légèrement plus faible au Japon. Globalement, les déclencheurs cités le plus fréquemment étaient la douleur dans la nuque, le stress et le manque de sommeil. Environ la moitié des sujets ont rapporté des nausées ou des vomissements associés aux céphalées, sauf au Japon, où ce taux n’atteignait que 14,5%. 35–64% des sujets ont rapporté que leurs activités quotidiennes à domicile ou au travail étaient plus lentes, 32–56% avaient des difficultés de concentration, 7–25% manquaient des activités sociales et 13–21% passaient moins de temps en famille (Fig. 2B). Les interventions non-pharmacologiques les plus fréquentes pour se soulager étaient dormir, boire de l’eau, passer du temps chez soi ou dans une pièce sombre et boire du café.

En résumé, il a été démontré que l’impact de la céphalée sur la vie des personnes concernées est profond et que la genèse des céphalées, déclenchées par le mode de vie moderne, comme les médias numériques et leur utilisation accrue pendant la pandémie de COVID-19, est de plus en plus complexe.

* Application Migraine Buddy = application pour smartphone qui enregistre les céphalées et les migraines, disponible à l’adresse suivante : https://migrainebuddy.com/

Références bibliographiques

  1. Goadsby PJ, Lantéri-Minet M, Michel MC, Peres M, Shibata M, Straube A, Wijeratne T, Ebel-Bitoun C, Constantin L, Hitier S. 21st century headache: mapping new territory. J Headache Pain 2021;22:19. doi: 10.1186/s10194-021-01233-7.
  2. Goadsby PJ, Constantin L, Ebel-Bitoun C, Igracki Turudic I, Hitier S, Amand-Bourdon C, Stewart A. Multinational descriptive analysis of the real-world burden of headache using the Migraine Buddy application. Eur J Neurol 2021;28(12):4184-4193. doi: 10.1111/ene.15037.

 

Conflit d’intérêts : Luminita Constantin, Marion Eberlin et Iva Igracki Turudic sont employées chez Sanofi-Aventis. Martin Michel est consultant pour Sanofi-Aventis.

Divulgations : Rédaction et publication du contenu médical financées par Sanofi-Aventis Deutschland GmbH.

Affiliation/Coordonnées de l'interlocuteur: Luminita Constantin, MD, Consumer Healthcare Sanofi, 82 Av. Raspail, 94250 Gentilly, Paris, France , Marion Eberlin, PhD, Iva Igracki Turudic, MD, Sanofi-Aventis Deutschland GmbH, Germany et Martin C. Michel, MD, Department of Pharmacology, Johannes Gutenberg University Mainz, Germany
Soumis le: 25.10.2021Accepté le: 10.12.2021Publié le: 26.01.2022
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